Amor fati Posted on 21 novembre 2024 By Mike L’architecture a dû abandonner sa théorie. Parce que tout effort assimilable à celui que réclame celui théorique a désormais été accaparé par le monde de l’université, l’architecte qu’attire la théorie, non seulement, est sommé de se couper de la vie pratique, mais, devra avant tout répondre aux seuls canons formels qui y règnent de façon incontestée. Se consacrer à la Théorie de l’architecture signifie désormais s’adonner au formalisme creux de la recherche universitaire. Il suffit pour cela de recopier les livres autorisés. Dans sa forme propre et dans ses modalités fonctionnelles, l’Université apparaît à tous les degrés de fonctionnement comme la matrice du système culturel ; ses règles de productibilité s’appliquent à reproduire analogiquement en tous points les exigences structurelles de la société postmoderne contemporaine. Le rappel à la théorie de l’architecture, à une volonté de pensée de façon critique l’architecture, provoque à elle seule une franche répulsion laquelle, en explique la disparition au profit de la rhétorique, autant que l’usage de plus en plus prolifique qui est fait de cette dernière. Si donc, par l’autre côté, le système culturel a défini une fois pour toute l’architecture comme appartenant toute entière à la sphère matérielle de la pratique, c’est justement en vue de justifier l’ineptie de toute réflexion qui alors serait jugée déroger à sa nature. Tout aussi mécaniquement, celle-ci est reconduite au domaine de la recherche. Théorie et pratique sont non seulement réputés incompatibles mais, surtout, hétérogènes l’une par rapport à l’autre. C’est ce qui permet du même coup de faire aisément oublier combien la vie pratique conditionne en réalité l’existence même de toute architecture, au point d’être le fondement essentiel qu’une théorie de l’architecture contribuerait justement à critiquer. Lorsque les architectes continuent à en ignorer la base, comme ils ont la facilité à le faire, ils tablent leur légitimité sur du vide. Ils se complaisent à répéter et à répéter les méthodes prédéfinies mises à leur disposition en vue d’assurer la pérennité du système par leur simple et mécanique application. En déroger constitue un si grand risque qu’il n’est pas tellement imaginable de s’y attarder tropsérieusement. En définitive, pour imaginer exister, les architectes sont contraints de choisir de ne pas avoir de choix ou, à défaut, ne pas exister du tout. Soit, ils s’instruisent sur les conditions matérielles, sociales et professionnelles qui sont réellement les siennes aujourd’hui, soit, ils se détournent de ce qui en conditionne la pratique et qu’ils se croient obligés de croire détester pour s’en justifier. Dans le premier cas, il doit aussi s’obliger à réagir contre intuitivement, c’est-à-dire, non seulement à penser à l’encontre de lui-même pour contrer ce qui le rebute, mais aussi, à l’encontre de tout ce pour quoi ila été éduqué, y compris de la manière dont il a appris docilement à le faire. Cette voie peut le conduire aussi bas que ce qu’il pense de la sorte incriminer. Ce type d’architectes finit par comprendre les rouages de l’économie dans lesquels le système les dispose et, en joue même parfois avec une certaine réussite en les intégrant parfaitement. En général, il en oublie même l’architecture laquelle, de toute façon ne lui est jamais ni vraiment, ni suffisamment, honnêtement présentée pour éviter cet acte de liquidation. Seuls, les plus cyniques d’entre eux, mais surtout parce qu’ils sont aussi les plus nantis, parviennent même à faire accroire en la qualité contemporaine de leur production. Le système sait faire semblant d’être reconnaissant avec ses plus fervents serviteurs. À l’inverse, dans le deuxième cas, si l’architecte se refuse à participer au système, il lui faut à chaque instant idéaliser sa situation. Il s’oblige alors à s’abstraire de la réalité économique dans laquelle il évolue. Ce faisant, il s’empêche de réfléchir sur son propre état de dépendance face aux mécanismes de l’échange qu’il entend comme pure relation abstraite et substitue simultanément à la chose. En quoi, il n’est plus lié à rien sinon aux rets du système. En exagérant aussi naïvement l’importance des produits intellectuels, cette catégorie d’architectes contribue à entretenir l’illusion romantique de l’artiste indépendant et détaché, seul face au monde. Mythe bien connu autant que funeste en réalité. Le mensonge qui y est contenu consiste à alimenter l’intellectualisme de bon aloi que diffuse le système culturel officiel à mesure que, proportionnellement, il est nécessaire de masquer aux acteurs qui s’y prêtent, la juste connaissance de l’économie ultra-libérale qui le sous-tend. Ainsi isoler les architectes d’un quelconque rapport aux réalités du business favorise le business culturel et intellectuel à se poser comme une idéologie enviable et efficace. Restera toujours, les plus honnêtes et probes ; tous ceux qui se préserveront en alimentant suffisamment de méfiance, de défiance, de vigilance pour sauvegarder quelque chose de leur liberté. Ceux qui refuseront de mordre la pomme. Ceux qui aiment l’architecture avant tout. Ceux qui refusent de la prostituer pour une tranche de gloire à l’Arsenal ou aux Prizker. Mais, c’est ce même appel de pureté éthique qui finit par les anéantir car c’est cette pureté qui les conduit hors du petit-monde de l’architecture officielle du système mais qui, ce faisant, permet à celui-ci de triompher, y compris aussi, dans leurs propres pensées pourtant toute tendues en opposition. Tel est le choix devant lequel le système dispose implicitement tous ceux qui dépendent de lui, directement ou indirectement, c’est-à-dire tout à chacun. Le problème pour les architectes n’est pas le jeu auquel ils sont de toutes façons tenues, mais de jouer en y respectant des règles hétérogènes à leur discipline, sans même que personne ne les leur explique jamais. Ceux qui toutefois y reconnaissent les mécanismes et les acceptent, finissent par ne plus chercher à en considérer ni le pourquoi ni le comment. Incapables de ne plus rien différencier, il leur suffira d’en faire l’apologie comme Rem Koolhass avec ses écrits de nature néolibéraux à la sauce cynique et fataliste. Tandis que les autres, en se contentant tout bonnement de fétichiser l’architecture, ils feront semblant de les oublier comme les Stars et starlettes à la Nouvel, Berger, Michelin en France ou à la Ghery, Olgiati, Zumthor, à l’extérieur, avec leurs discours tantôt descriptifs, tantôt pseudo scientifiques, philosophiques ou métaphoriques, mais tous aussi prétentieux que stériles pour l’architecture ; chacun y trouvera de toute façon son compte. En refusant même de considérer un instant la dimension culturelle qui lui revient, les uns comme les autres contribuent à destituer l’architecture au rang de futilité formelle tout juste assez utile pour servir de maquillage a la réalité qui en use. Les architectes sont à la fois ces idiots utiles qui profitent de la société postmoderne contemporaine, indigente et néfaste, et ceux dont le travail, rendu si inutile, détermine la réussite d’une société qui cherche à cacher à tous sa nature foncièrement utilitariste. C’est là une contradiction inacceptable, car trop vraie pour être acceptée en tant que telle, suffisamment, pour interdire toute tentative pour la surmonter. C’est bien pourquoi, tandis que ses liens avec la réalité sont oblitérés, la théorie se voit du même coup dévoyée et instrumentalisée pour miner la qualité objective du travail que tout architecte pourrait encore vouloir assurer. Quoi qu’il fasse, celui-ci ne peut actuellement que faire mal. À tout le moins, par la réflexion critique, il pourrait chercher à se rendre lui-même des comptes sur la situation intenable dans laquelle le place le système culturel lorsqu’il cherche à y faire sa place. L’alternative est pourtant aussi simple que cruelle : devenir un sujet servile et corvéable ou rester un objet indifférent et interchangeable. Non classé
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