Triangles d’or Posted on 25 avril 202425 avril 2024 By Mike La sollicitude du grand Capital à entretenir l’architecture dans le mythe qu’il lui réserve tout exprès pour ses propres fins, adopte volontiers le visage du désintéressement. Depuis que Kant a conceptualisé cette notion comme celle soutenant l’accès à l’esthétique, l’accointance du grand capital se voit légitimé à s’acoquiner avec celui de l’art en général et, à l’architecture en particulier. Si l’avènement de l’art contemporain comme produit dérivé des finances n’est que le signe visible de l’empire des biens de production à haute valeur ajoutée, l’architecture se voit l’objet de toutes ses grâces, en tant qu’art politique par excellence, expression dans la pierre, du pouvoir. N’est utile que l’utilité suffisante aux intérêts. Que le mécénat originel se comprend comme représentation symbolique de l’état, n’est que le pendant de la passion pour une culture au nom de la libéralité essentielle des arts, garante d’une civilisation naissante, conscience d’elle-même. C’est le mérite et l’héritage de Mécène qui, pour immortaliser la figure de l’Empereur Octave, ne détermine pas moins historiquement l’avènement, que l’avenir de Rome devenue Empire. Elle se réalise sous les traits du collectionneur, l’exigeant connaisseur et, au final le grand passionné. Le sens d’une telle action passe de la sphère opérationnelle de la politique, impersonnelle, à celle relevant de quelque chose de plus profond, de plus immédiatement humain. Sous le masque intransigeant de l’intérêt de l’état, percent ceux de la curiosité détachée, et en quelque sorte, libre de la culture humaniste universelle. A l’inverse, le mécénat contemporain, se présente comme celui pour lequel rien n’est assez important quand cela concerne l’aura qu’il imagine devoir façonner pour lui-même, tandis qu’en dehors de la sphère immédiate de ses intérêts, tout est objet d’un calcul spéculatif sur investissement. Son principe est celui du moins pour toujours plus. Son intéressement dépend du niveau de rentabilité qu’il trouve à gagner dans son implication à l’intérêt public. N’importe quelle entité privée qui se soucie de soutenir telle ou telle institution étatique, pour la construction de tel ou tel musée ou fondation publique permet, outre de rendre évident pour les plus naïfs qui pourraient encore en douter, la collusion intrinsèque entre l’empire du privé et celui du public mais démonter l’emprise du Capital sur l’État. Elle éclaire combien celle-ci devient le principal promoteur d’une culture sélectionnée. Le soutien financier que tout acteur officiel d’un tel système culturel est prêt à alloué, est la condition de sélectivité inversement proportionnée aux conditions de sponsoring bénéfiques pour assurer la sélection nécessaire à sa représentativité. Chacune des contributions n’est perçue que comme contrepartie quantifiée à hauteur de l’efficacité fiscale et symbolique de ce qui, toujours, est présenté officiellement au public comme une amabilité de la part d’un bienfaiteur. A chacun des « dons », qui lui valent en passant son inscription en lettres d’or au panthéon d’honneur de la République, correspond cependant, dans l’ombre, un retour d’ascenseur. Il ne faut en aucun cas ni interrompre, ni perturber la chaine des échanges qui assure de rentrer dans ses frais. A charge de revanche, le soutien de l’État, y compris le plus souvent en subventions, ne sera pas à négliger ; il n’est pas de meilleurs profits que ce pour quoi il n’y a pas lieu de payer. En ce monde, tout est bureaucratiquement rationnalisé et régulé. Rien ne permet de distinguer réellement quels sont les champs d’influence réciproques, tout aussi impitoyables dans leurs mécanismes qu’ils s’évertuent à passer pour généreux et libéraux. Comme garant de la culture, l’État garantit à ces promoteurs culturels les moyens utiles au colportage de ce qu’il s’agit d’un commun accord de diffuser comme idée. Ce système peut à souhait varier les objectifs et le narratif, y compris en son juste contraire. C’est pourquoi, lorsqu’aujourd’hui, ces mécènes multinationales se piquent de reprendre en chœur les rengaines écologistes, c’est pour promouvoir le retour d’un modèle de vie sain, où l’artisanat, réhaussé au niveau de l’art, – pourtant contrenature car trop dispendieux et si peu rentable- trouve tous les privilèges. Pour ne pas devoir dire les conditions sociales de tous ceux qui en sont les petites mains, la technique d’un « savoir-faire » y est sublimée dans le champ de l’esthétique. En vantant une expérience séculaire pour mieux l’évacuer aussitôt dans le champ de l’expérimentation, il agrémente cette pensée puritaine protestante, si chère au capitalisme, laquelle prévaut plus que jamais comme archétype de la propreté administrative, nouvellement baptisée « écologique ». L’abattage idéologique, indispensable au renouvellement du modèle néolibéral moribond, encourt de faire disparaitre, une fois encore, le monde réel derrière un reflet mensonger auquel il doit s’identifier, plutôt que d’accepter changer. Il n’est pas question de s’adonner, d’une quelconque façon que ce soit, à un quelconque ascétisme par conviction, seulement par anticipation, et toujours par calcul. C’est là la seule assurance risque profitable. Le « souffle de l’architecte » parachève le dernier de l’architecture. Non classé
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