L’habitat léger ou la formalisation de l’habitat informel. 

Réaction à l’article de Simon Cherner dans le Figaro (Nantes — Numérique) 25/01/2024. Voir l’article complet à cette adresse : https://www.lefigaro.fr/nantes/nantes-les-elus-ecologistes-veulent-moins-de-bureaux-et-davantage-d-habitats-legers-20240125

L’article de Simon Cherner décrit une initiative des élus écologistes et citoyens de la ville de Nantes visant à réorienter les projets d’aménagement urbain en cours dans l’agglomération. Cette démarche est présentée comme une réponse aux résultats d’un grand débat métropolitain sur “la fabrique de nos villes”, qui a mis en évidence quatre priorités principales : la transition écologique, le désir d’espaces verts, l’urgence de l’accès au logement, et l’idéal d’une “ville du quart d’heure”. Jusqu’ici, rien de particulièrement original, c’est le classique Entrée-Plat-Dessert d’un programme politique d’une mairie écologiste. On est donc en “terrain” connu. 

Les élus écologistes, s’appuyant sur ces conclusions, cherchent à “infléchir” ou “bousculer” les projets en cours, notamment en réduisant la construction de bureaux, en préservant les espaces verts, et en intégrant des logements pour les plus précaires dans tous les quartiers en développement.

Ils proposent spécifiquement de revoir des projets comme le futur quartier Paridis, critiquant sa surcharge de bureaux vides (ce qui reste à confirmer à l’avenir) et suggérant un moratoire pour transformer ces espaces en logements. Ils soulignent également l’importance de lutter contre l’artificialisation des terres et promeuvent le principe de végétalisation “3-30-300”. Concept aussi fumeux que la ville du 1/4 d’heure de Moreno. Notamment par son aspect quantitatif jouant plus sur la symbolique et le cognitif des chiffres que d’un réel apport qualitatif pour les habitants et notamment par la réelle capacité à être mise en œuvre, rappelant les opérations parisiennes des Forets urbaines. En outre, ils envisagent de déployer un programme de “ville hospitalière” pour les bidonvilles de Doulon-Gohards, utilisant l’habitat léger comme solution rapide pour accueillir des populations précaires. 

Le groupe écologiste compte utiliser la légitimité du grand débat métropolitain (comme tout débat et concertation que l’on sait le plus souvent devenir le produit des plus déterminés et pas toujours par les plus concernés) pour influencer les décisions au sein du conseil municipal et métropolitain, sans pour autant chercher un affrontement direct avec leurs alliés socialistes. Ils visent plutôt à ouvrir le débat et à ajuster les projets en fonction des engagements pris suite au grand débat.

La réaction de Guillaume Richard, élu Horizon à la Ville et la Métropole, illustre une certaine tension. Il critique l’approche des écologistes, estimant qu’ils posent des obstacles à la gestion visionnaire de la réserve foncière nantaise et il reproche à la maire Johanna Roland un manque d’anticipation.

… Il s’agit par exemple de camions aménagés sur des terrains d’insertion temporaires, explique Simon Citeau, également co-président du groupe. On souhaite que sur chacun de nos grands projets il y ait une ambition forte à ce niveau”.

Une manière d’exprimer par cette proposition l’incapacité des édiles locaux ainsi que du gouvernement à pouvoir loger correctement des populations.

Nota Bene : 

Qu’est-ce que le principe de végétalisation “3-30-300” ? 

C’est une approche urbanistique qui vise à intégrer la nature dans l’environnement de vie des citadins pour améliorer leur bien-être et leur santé mentale. Ce concept a été théorisé par le Docteur Néerlandais Cecil Konijnendijk en 2021. Les trois composantes du principe sont :

1. 3 arbres visibles : Chaque résident devrait pouvoir voir au moins trois arbres depuis son domicile. Cette proximité visuelle avec la nature contribue à soulager le stress et à améliorer la santé mentale.
2. 30 % de couvert arboré : Les quartiers devraient avoir un couvert arboré d’au moins 30 %. Les arbres en ville offrent de nombreux avantages, tels que la réduction de la pollution, la création d’îlots de fraîcheur et l’amélioration du bien-être physique et mental des résidents.
3. 300 mètres d’un espace vert : Chaque personne devrait vivre à moins de 300 mètres d’un parc ou d’un espace vert. Cette distance correspond à une promenade d’environ 5 à 10 minutes à pied, ce qui rend la nature facilement accessible pour tous. 

Qu’est-ce que Le Grand débat : “Fabrique de nos villes. Ensemble, inventons la vie de demain” ? 

C’est un débat qui s’est déroulé de mars à juillet 2023 à l’échelle de Nantes Métropole. Il s’agissait d’une initiative citoyenne visant à réfléchir et à proposer des solutions pour construire les villes de demain. Les objectifs sont les suivants : Recueillirl’avis des habitants sur les thématiques liées à la ville de demain : environnement, urbanisme, habitat, santé publique, mobilité, etc. Associer les citoyens à la réflexion et à la prise de décision concernant l’avenir de la métropole. Identifierdes solutions concrètes et innovantes pour répondre aux défis urbains de demain.